Alors que nous sortons tout juste de l’hiver, quatre départements français ont d’ores et déjà mis en place des restrictions d’eau, interdisant l’arrosage des pelouses, le lavage des voitures ou le remplissage de piscines. L’absence de précipitations ces derniers mois a empêché la bonne alimentation des nappes phréatiques, dont les niveaux sont dangereusement bas. Si les pluies des derniers jours apportent un peu de répit, elles sont insuffisantes et la situation reste critique. Avec 80 % de nappes dont les niveaux sont modérément bas à très bas, des mesures doivent être déployées d’urgence.
Nous ne pourrons pas résoudre nos problèmes d’eau tant que nous n’aurons pas mis en place une économie véritablement circulaire, où les biens sont produits, consommés et éliminés de manière durable. C’est bien dans cet esprit que les lois sur les emballages devraient agir.
Cependant, certaines réglementations ont des effets contre-productifs. Nous en voyons déjà les premiers résultats avec l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage (AGEC) en France ayant imposé le passage à la vaisselle réutilisable dans la restauration pour la consommation sur place. Brandi comme la solution miracle, le réemploi a paradoxalement pour conséquence immédiate d’augmenter fortement la consommation d’eau. Car, si réutiliser sa gourde ou son propre mug est utile à la maison, ce n’est pas du tout la même logique à l’échelle d’un fast food qui gère au quotidien des flux importants de consommateurs, avec des contraintes d’hygiène et de sécurité alimentaire.
L’analyse du cycle de vie complet des emballages montre clairement que le passage au réemploi en restauration sur place ainsi que dans la vente à emporter va entraîner une augmentation très significative de notre consommation d’eau. Pourquoi ? En raison de la nécessité d’utiliser des lave-vaisselles et des séchoirs professionnels extrêmement consommateurs d’eau et d’énergie.
De fait, pour la seule consommation en salle en France, la vaisselle réemployable désormais imposée dans la restauration va consommer 5,3 fois plus d’eau que la vaisselle à usage unique à base de papier, selon les données d’une étude complète d’analyse de cycle de vie, réalisée par un cabinet indépendant.
Ces résultats sont confortés par ceux du récent rapport du cabinet Kearney, montrant que le passage au réemploi dans la restauration sur place et pour la vente à emporter dans toute l’Union Européenne nécessiterait jusqu’à 4 milliards de litres d’eau supplémentaires par an. C’est l’équivalent de la quantité d’eau nécessaire à la douche quotidienne de l’ensemble des Français ! Ou celle nécessaire au lavage de 55 000 voitures par jour.
En plus d’augmenter la consommation d’eau et de créer 4 fois plus de déchets plastiques pour la seule restauration sur place, le passage au réemploi augmenterait considérablement les émissions de carbone (+50% de CO₂ pour la vente en salle et +260% de CO₂ pour la vente à emporter) et les coûts énergétiques.
En somme, la réalité est simple: on utilise beaucoup moins d’eau et d’énergie pour produire et recycler les emballages en papier que pour laver et sécher les contenants réutilisables qui les remplacent. Pourquoi donc favoriser l’utilisation de beaucoup plus de plastique et beaucoup plus d’eau? Est-ce vraiment la bonne décision réglementaire à prendre du point de vue de l’environnement ?
Nous disposons d’emballages en papier-carton non seulement renouvelables, recyclables et effectivement recyclés mais aussi plus économiques, moins énergivores et bien moins consommateurs d’eau. Les études sont là, les produits renouvelables et recyclables existent, et des progrès continus sont réalisés en matière de collecte et de recyclage. Il est temps d’en prendre conscience.
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