Le gouvernement a évoqué en juillet 2023 l'idée d'indexer les taxes sur l'alcool à l'inflation. Cette proposition, bien que non détaillée, a suscité une vive opposition, notamment de la part des élus viticoles, y compris au sein de la majorité présidentielle. Ils craignent qu'une telle mesure ne mette en péril la compétitivité des producteurs et la vitalité des régions viticoles déjà en difficulté.
Thomas Cazenave, le ministre des Comptes publics, a exprimé sa compréhension des préoccupations du secteur. Élu de Gironde, il a souligné le « désarroi » et les « difficultés économiques » des viticulteurs, notamment face à des problèmes tels que le mildiou. « Les discussions continuent avec le ministère de la Santé, on aura l'occasion d'en reparler au mois de septembre », a-t-il déclaré jeudi 3 août 2023.
Les enjeux économiques au cœur du débat
Le secteur viticole est puissant et influent en France. La région du Bordelais, par exemple, est le premier vignoble AOC français avec 110.000 hectares. Elle est actuellement confrontée à une grave crise de surproduction et à un épisode intense de mildiou. De plus, un plan d'aide à l'arrachage des vignes pourrait concerner jusqu'à 9.250 hectares.
L'augmentation des taxes sur l'alcool pourrait avoir des conséquences économiques majeures pour les viticulteurs. Pour le vin, la hausse serait d'environ 0,3 centime par bouteille l'année prochaine. Pour les spiritueux, elle pourrait se situer entre un et deux euros par bouteille.
L’idée du gouvernement est en effet simple : changer la règle qui régit la hausse des taxes sur l'alcool. Actuellement, la hausse est indexée sur l’inflation de l’année N-2 et est plafonnée à 1,75%. L’exécutif réfléchirait à faire sauter le plafond et à indexer la hausse sur l’inflation de l’année N-1. Or, celle-ci est élevée : pour 2023, elle est attendue aux alentours de 5%.
L'alcool et la santé : un argument de poids
Au-delà des enjeux économiques, la dangerosité de l'alcool pour la santé est un argument souvent avancé pour justifier une augmentation des taxes. L'abus d'alcool est responsable de nombreuses maladies et est un facteur de risque majeur pour la santé publique. L’alcool au volant reste, avec la vitesse, une des principales causes d’accidents et de décès sur la route.
Il est essentiel de rappeler que l'alcool est un dépresseur du système nerveux central. Une consommation excessive peut entraîner des problèmes de santé graves, tels que des maladies du foie, des troubles cardiovasculaires et un risque accru de cancers. Sans compter le fort risque d’addiction que représente l’alcool. Les spécialistes des drogues le classent à un niveau de dangerosité très élevé, proche de celui des pires drogues dures.
Article initialement publié sur EconomieMatin :