Transit de gaz : l’Ukraine met fin au contrat avec la Russie, l’Europe en alerte
Enjeux de la décision ukrainienne de mettre fin au contrat de transit de gaz
Depuis l’escalade des hostilités entre la Russie et l’Ukraine début 2022, leurs relations ont subi de fortes secousses. L’une des conséquences notables réside dans la rupture du contrat de transit de gaz entre les deux pays, un contrat établi fin 2019 pour une période de cinq ans, permettant ainsi à l’Europe d’être approvisionnée en gaz russe malgré la tension ambiante. Cette décision de l’Ukraine traduit une volonté claire de ne plus se positionner en tant que canal de transit pour le gaz russe. Elle marque aussi une évolution majeure dans sa posture vis-à-vis de la Russie et pourrait avoir des répercussions sur les pays européens dépendants de ce gaz.
Au cours de l’année 2023, malgré le conflit, la Russie a acheminé plus de 14 milliards de mètres cubes de gaz vers l’Europe via l’Ukraine, bien en dessous du volume prévu par le contrat (40 milliards de mètres cubes). Les principaux bénéficiaires de ce transit, tels que l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie, pourraient se retrouver dans une situation délicate suite à cette décision.
Éventualité d’une hausse des prix du gaz en Europe et alternatives possibles
La décision ukrainienne pourrait provoquer une hausse immédiate des prix du gaz en Europe, un scénario d’autant plus préoccupant que le continent tente déjà de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. Face à cette situation, le Kremlin a averti que l’Europe risque de payer plus cher pour son gaz, surtout si elle opte pour le gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis, dont le coût est nettement plus élevé.
Bien que la Russie ait envisagée d’autres alternatives, tels que le TurkStream passant par la Turquie, la capacité de ces itinéraires ne saurait compenser la perte du transit via l’Ukraine. Par ailleurs, l’Union européenne, engagée dans une stratégie d'[indépendance énergétique](https://www.economiematin.fr/gaz-italie-projet-argo-cassiopea) et en réponse à l’agression russe, compte mettre fin à toutes importations de gaz russe d’ici 2027. Cette transition engendre toutefois de nombreux défis et la fin du contrat de transit ukrainien pourrait imposer dans l’urgence, cette nécessaire métamorphose.
Exploration des alternatives de fourniture de gaz en Europe par l’Ukraine
Malgré sa décision de mettre fin au contrat de transit de gaz avec la Russie, l’Ukraine étudie d’ores et déjà d’autres options pour soutenir son rôle de fournisseur d’énergie en Europe. L’option du gaz azerbaïdjanais est notamment à l’étude, comme l’a révélé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Cependant, celle-ci suppose de nombreux défis logistiques, notamment en raison de son absence de frontière commune avec l’Azerbaïdjan. Par ailleurs, le Kremlin envisage de développer un hub gazier en Turquie pour contourner l’Ukraine. Ce projet, bien que prometteur, reste en phase de construction et ne pourra répondre dans l’immédiat à la forte demande européenne.
Sur une note plus positive, si l’augmentation du prix du gaz est inévitable, elle ne serait effective qu’à partir de 2025. Pour l’hiver 2024-2025, l’Union européenne a déjà atteint 90% de ses stocks de gaz, permettant [d’anticiper une capacité maximum très prochainement](https://www.economiematin.fr/gaz-remplissage-union-europeenne), et de limiter ainsi les conséquences imprévues de la décision ukrainienne.