Les entreprises, du fait de leurs marges, sont toujours à l’origine d’une part d’inflation. Benoît Coeuré a tenu à le rappeler dans son entretien accordé au Parisien. Mais « en temps normal », ce n’est qu’un tiers de l’inflation qui est liée à ces dernières. Or, ce n’est plus le cas.
Pour le président de l’Autorité de la concurrence, il y a « un certain nombre d'indices très clairs et même plus que des indices, des faits » qui permettent de mettre en cause les entreprises. L’inflation serait « en partie due aux profits excessifs » des sociétés, également appelés superprofits. Les entreprises, estime l’économiste, « profitent de la situation actuelle ». Elles maintiennent volontairement « des prix élevés ».
Conséquence : les entreprises sont responsables pour deux tiers de l’inflation. Soit deux fois plus qu’en temps normal. Dans une situation habituelle, ce sont les demandes de hausses des salaires qui pèsent pour deux tiers de l’inflation.
Les entreprises placées sous surveillance
Si l’Autorité de la concurrence surveille surtout les « ententes » entre entreprises, notamment sur les prix, et qui sont interdites par la loi, les autres industriels ne sont pas en reste. « Aux entreprises qui se disent ‘comme les prix augmentent partout cela se verra moins si nous nous entendons’, je leur dis ‘attention, nous sommes vigilants’ », a-t-il prévenu. Placées sous surveillance, les entreprises n’ont donc qu’à bien se tenir.
Surtout que la menace de sanctions est à peine voilée. « On est là, on regarde et on a les instruments pour sanctionner, même sévèrement », rappelle Benoît Coeuré dans Le Parisien. Pour lui, « comprendre où sont les profits excessifs » est désormais prioritaire. Et ce afin de protéger le pouvoir d’achat des Français, durement frappé par la hausse des prix.
Vers un ralentissement de l’inflation en France ?
Les déclarations de Benoît Coeuré ne manquent pas de rappeler les menaces de Bruno Le Maire envers les entreprises de l’agroalimentaire qui ne feraient pas baisser leurs prix après de nouvelles négociations avec les distributeurs. Mais l’efficacité sera-t-elle au rendez-vous ?
L’inflation est restée à plus de 5% en mai 2023, selon l’Insee, qui souligne néanmoins un début de ralentissement. L’institut de statistiques est même plutôt optimiste : l’inflation devrait chuter vers la fin de l’année 2023. Une baisse qui ne l’effacera toutefois pas totalement.
Selon l’Insee, la hausse des prix serait, au quatrième trimestre 2023, plus proche des 4% sur un an que des 6% connus en début d’année. Un niveau nettement inférieur, mais qui reste élevé. La Banque Centrale Européenne (BCE) vise toujours une inflation de 2% par an. Elle a d’ailleurs relevé une nouvelle fois ses taux directeurs en juin 2023, leur faisant atteindre un niveau record en plus de 20 ans, afin de faire ralentir la hausse des prix.
Mais il semblerait bien que ce soit surtout aux entreprises d’agir, puisqu’elles sont la cause principale de l’inflation en France.
Article initialement publié sur EconomieMatin :