Imaginez ceci : vous vous installez confortablement dans votre canapé, prêt à commander ce nouveau livre dont tout le monde parle. Mais au moment de payer, surprise ! Il y a un frais de port de 3 euros pour chaque commande de livres inférieure à 35 euros. C'est ce qui pourrait se passer à partir du 7 octobre 2023, grâce à une nouvelle règle du gouvernement français.
Mais Amazon ne l'entend pas de cette oreille et a décidé de se battre pour les lecteurs. Bien évidemment, le géant de Seattle a aussi l’intention de conserver son avantage concurrentiel qu’il pourrait en partie perdre si la mesure entrait en vigueur. Le groupe a donc annoncé, mardi 27 juin 2023, déposer un recours contre la mesure auprès du Conseil d'Etat.
Pourquoi Amazon se bat-il ?
Pour Amazon, cette nouvelle règle est une mauvaise nouvelle pour tous les lecteurs. Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon.fr, pense que cela va coûter cher et limiter l’accès aux livres. Il souligne que l'offre en ligne et celle des librairies sont complémentaires.
En effet, près d'un livre sur deux vendu par Amazon est expédié vers des petites villes et campagnes, souvent dépourvues de librairies. Le géant du e-commerce est donc l’un des seuls canaux à la disposition des lecteurs de ces zones reculées.
Et l'Europe dans tout ça ?
La Commission européenne, qui veille au respect des règles de l'Union européenne, n'est pas non plus convaincue par cette nouvelle règle. Elle pense que le gouvernement français n'a pas suffisamment justifié cette décision et n'a pas envisagé d'autres options. De fait, elle n’est pas favorable aux frais de port minimum de 3 euros pour tous les achats de livres dont le montant est inférieur à 35 euros.
La Commission a d’autre solutions. Elle propose par exemple un tarif postal dédié pour les livres, qui existe déjà pour les expéditions de livres vers l'étranger. Une manière de trancher la poire en deux.
Tarif d'envoi du livre : qu'est-ce que cela signifie pour les lecteurs ?
Si cette règle entre en vigueur, ça pourrait coûter cher. Imaginons que vous achetiez un livre de poche à 7,50 euros. Avec les frais de port, ça représenterait une hausse de 40% du coût d'acquisition. Et pour ceux d'entre nous qui vivent dans des zones rurales, où il n'y a pas de librairies, ça pourrait signifier moins de livres et plus de frais de déplacement.
Cette nouvelle règle pourrait aussi affecter les auteurs auto-édités et les petites maisons d'édition qui vendent leurs livres en ligne. Avec des coûts plus élevés pour les consommateurs, ils pourraient voir leurs ventes et leurs revenus baisser.
Article initialement publié sur EconomieMatin :