21 septembre 2024

Surveillance des internautes : la France numéro 3 en Europe

Une hausse préoccupante des demandes d’accès aux données des utilisateurs par les gouvernements

Sur une décennie, une croissance exponentielle des requêtes d’accès aux données des utilisateurs par les gouvernements a été enregistrée. En 2022 uniquement, l’augmentation est de 38 % par rapport à l’année précédente, selon le rapport récent de Surfshark. Plus de 9 millions de comptes ont été sollicités depuis 2013 dans environ 190 pays, en raison de l’omniprésence de l’information numérique dans les investigations judiciaires et administratives. Ces demandes sont principalement concentrées aux États-Unis et dans l’Union Européenne.

La France en pole position dans les demandes de données en Europe : fait-elle une surconsommation de surveillance ?

En Europe, la France est un cas singulier avec un volume particulièrement élevé de demandes d’accès aux informations des utilisateurs. Pour 100 000 habitants, elle a demandé l’accès à 616 comptes, occupant ainsi la cinquième place dans le monde et la troisième en Europe, derrière l’Allemagne. Au niveau planétaire, la moyenne est cinq fois inférieure à celle de la France, avec 103 comptes pour 100 000 habitants.

Cette situation suscite des questionnements. Pourquoi est-ce que la France est plus demandeuse d’informations personnelles que d’autres pays ? On impute souvent cette tendance à la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Cependant, la fréquence et l’amplitude de ces demandes insinuent un potentiel basculement vers une surveillance généralisée susceptible de représenter une menace pour les libertés individuelles.

Les multinationales technologiques : entre transparence et complaisance vis-à-vis des autorités ?

Les géants de la technologie tels que Meta, Google, Apple et Microsoft ont un rôle prépondérant dans cette dynamique. Au cours des dix dernières années, ces entreprises ont répondu favorablement à environ 221 000 demandes d’accès à des données en France, avec un taux de réussite de 71 %. Les divulgations les plus conséquentes sont celles de Meta, concernant près de 97 000 comptes.

Ces entreprises sont souvent visées pour leur manque de transparence et leur célérité à répondre aux requêtes gouvernementales. Il leur faut équilibrer la protection des données des utilisateurs et la conformité avec les demandes des autorités, sous peine de sanctions. Goda Sukackaite, conseil pour la protection de la vie privée chez Surfshark, attire l’attention sur un éventuel élargissement de l’accès des gouvernements aux données privées individuelles, suivant la proposition de loi récente du Conseil de l’Europe relative à la régulation des conversations en ligne.

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