La question avait été soulevée par le gouvernement dès 2022, alors que le marché commençait à voir les taux des crédits augmenter et des dossiers de prêt être bloqués par le taux d’usure. Le ministère de l’Économie a alors chargé l’Autorité de la concurrence de s’intéresser aux commissions des agences immobilières. L’Autorité a rendu ses conclusions.
Les taux des commissions seraient en France plus importants que dans le reste de l’Union européenne. Les vendeurs Français (ce sont eux qui payent la commission à l’agence) déboursent en moyenne 5,78% du prix pour payer les agences immobilières. La moyenne européenne est, elle, de 4 % selon l’Autorité de la concurrence.
Une différence qui paraît faible, mais qui représente en réalité des milliers d’euros à chaque transaction. Sur un prix de 200.000 euros frais d’agence inclus, un vendeur français déboursera plus de 10.000 euros, contre environ 8.000 ailleurs en Europe.
Une manne financière de plusieurs milliards d’euros
Les agences coûtent donc cher aux vendeurs. Le montant moyen des commissions est passé de 7.800 euros en 2010 à plus de 15.000 euros, affirme Thibaud Vergé, vice-président de l’Autorité de la concurrence. L’avis sur le sujet, rendu le 7 juin 2023, est donc sans appel : il est nécessaire de réformer le système.
Car les taux des commissions n’ont pas évolué en même temps que les prix. Les premiers sont restées stables, alors que les biens ont vu leur valeur exploser. Ce qui, mathématiquement, a fait grimper le montant moyen des commissions.
Réformer le secteur aurait un effet bénéfique pour les acheteurs et les vendeurs. Selon l’Autorité de la concurrence, faire baisser le taux des commissions à 4% environ, soit la moyenne européenne, permettrait de faire économiser 2,9 milliards d’euros aux ménages. Mais, forcément, c’est autant d’argent qui n’entrera pas dans les caisses des agences et les poches des agents.
Les agences immobilières s’insurgent
La réforme de la loi Hoguet, qui fixe les règles du secteur et date des années 70, ne plaît guère aux premiers concernés. Pour Stéphane Fritz, à la tête du réseau d’agences Guy Hoquet, il s’agit là tout simplement d’une déclaration de « guerre aux agents immobiliers » et d’un « dénigrement » de la profession. Même son de cloche de la part de la FNAIM, la fédération du secteur.
Des critiques fortes qui ont rapidement fait réagir le gouvernement. Si ce dernier n’exclut pas une possible réforme, elle n’aura pas lieu rapidement et non sans une concertation avec les acteurs du secteur.
Plusieurs pistes pour réformer et faire baisser les prix
Car si la question est bien celle de faire baisser, in fine, les prix de l’immobilier en France, l’Autorité de la concurrence a proposé plusieurs pistes. Selon elle, le seul réel service proposé par l’agent immobilier est l’entremise entre l’acheteur et le vendeur. Or, dans le montant de la commission sont inclus d’autres services comme l’estimation du bien, la diffusion de l’annonce ou encore l’organisation des visites.
Des services nécessaires mais qui pourraient être payés par le vendeur avant la vente ou après. Et non au moment de celle-ci dans le cadre de la commission de vente.
Article initialement publié sur EconomieMatin :