Le prétendant d’éradiquer la pauvreté extrême d’ici 2030, la vision de la Banque Mondiale semble s’écrouler : le taux de pauvreté n’évolue pas au rythme espéré. Le dernier rapport de l’institution, le Poverty, Prosperity, and Planet Report 2024, révèle un tableau inquiétant, et ce, malgré les efforts déployés à l’échelle mondiale.
Un constat alarmant : la pauvreté extrême persiste
Après des années de lutte, près de 8,5% de la population mondiale subsiste encore, vivant avec moins de 2,15 dollars (à peu près 1,9 euros) par jour. Pour l’institution financière, cette somme représente le seuil de la pauvreté extrême. Les perspectives pour 2030 sont loin d’être optimistes. Les estimations de la Banque Mondiale indiquent que 7,3% de la population mondiale sera encore en situation de pauvreté extrême. Le rêve d’une population globale sans pauvreté s’éloigne, le rattraper nécessitera plus d’un siècle selon les estimations.
De l’avis même de Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale, la pandémie de COVID-19 a aggravé les inégalités en tirant vers le bas les efforts pour éradiquer la pauvreté, notamment dans les pays pauvres où le taux de pauvreté est encore plus élevé qu’avant la pandémie. Cela est en outre renforcé par les effets d’autres crises telles que les crises climatiques, les conflits, les perturbations mondiales des marchés alimentaires et énergétiques et le fardeau de la dette.
Un taux de pauvreté stable mais inacceptable
Jusqu’à 44% de la population vit avec moins de 7 dollars (environ 6,30 euros) par jour, un seuil de pauvreté qui malheureusement n’a pas varié depuis les années 1990. Les conditions sont encore plus désolantes en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, avec ces régions ayant été les plus affectées par la crise climatique et l’augmentation de la vulnérabilité, dixit Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale.
Les perspectives pour l’avenir ne sont guère plus brillantes. D’ici 2050, avec une croissance économique soutenue – plutôt hypothétique au vu du contexte actuel –za les revenus moyens mondiaux devraient être multipliés par cinq pour permettre à une majorité de la population de dépasser ce seuil de 7 dollars par jour. C’est un défi majeur à levue l’omniprésence de la pauvreté, encore aggravée par la crise sanitaire mondiale.