La rénovation du parc automobile d’entreprise : impératif environnemental vs réalité économique
La loi d’orientation des mobilités (LOM) et ses objectifs élevés
En 2023, la loi d’orientation des mobilités est entrée en vigueur en France. Exigeant des entreprises possédant une flotte de plus de 100 véhicules de renouveler celle-ci avec une certaine proportion de véhicules à faibles émissions, cette loi a pour objectif d’encourager la transition vers un parc automobile plus respectueux de l’environnement. Bien que cette loi ait été mise en place pour contrer le problème de pollution de l’air, des études menées par l’ONG Transport & Environnement (T&E) montrent qu’elle n’est pas respectée par plus de la moitié des entreprises françaises concernées. T&E dédie d’ailleurs une partie de son travail au lobbying auprès des instances européennes, pour durcir les règles environnementales relatives aux véhicules hybrides utilisés par les entreprises.
Devant cette situation, une proposition de loi (adoptée en avril 2024 par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire) est venue durcir les objectifs de renouvellement de flotte imposés par la loi LOM. L’ambition est alors de réduire significativement les émissions de CO2 du secteur automobile à l’horizon 2032. Toutefois, cette proposition de loi ne semble pas tenir compte des réalités terrain, ni de la situation économique des entreprises françaises déjà sous pression par la régulation européenne.
Les contraintes réelles liées à l’utilisation de véhicules électriques
L’utilisation de voitures électriques pose un certain nombre de problèmes pratiques. Non seulement ces véhicules ne conviennent pas pour toutes les utilisations (comme pour les commerciaux qui parcourent des centaines de kilomètres par jour), mais ils ne deviennent rentables qu’à partir d’un certain nombre de kilomètres parcourus. La disponibilité de bornes de recharge constitue également une contrainte majeure. Cette proposition de loi met donc une pression supplémentaire sur les entreprises françaises, que certains estiment déjà asphyxiées par la réglementation européenne.
Par ailleurs, il faut noter que les principaux constructeurs de voitures électriques ne sont pas européens mais américains et chinois. Notamment BYD, cette entreprise chinoise fabrique des véhicules électriques moins chers que ceux de nos constructeurs européens et projette d’ouvrir d’autres usines en Europe. En définitive, l’on peut s’interroger sur les véritables bénéficiaires de cette réglementation. Les entreprises françaises vont-elles bénéficier des avancées de la mobilité propre, ou s’agit-il plutôt d’un coup d’épée dans l’eau ?