Un virage énergétique controversé : L’augmentation des importations de GNL russe par la France
Une fièvre énergétique qui dérange
Au premier semestre de 2024, la France a connu une hausse spectaculaire de ses importations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) russe, comme l’indiquent les chiffres révélés par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Ces importations ont dépassé les 4,4 milliards de mètres cubes, soit une augmentation de plus de 100% par rapport à l’année précédente. Cette tendance est pourtant à contre-courant du consensus européen qui prône la réduction des achats d’énergie russe, en raison de la situation géopolitique en Ukraine. Alors que l’Espagne et la Belgique, deux importateurs majeurs, affichent respectivement une hausse de 1% et une baisse de 16% de leurs imports de GNL russe, la France donne l’impression d’adopter une démarche contraire aux engagements de l’Union Européenne.
Cette hausse des importations inquiète notamment l’organisation à but non lucratif « Razom We Stand ». Son fondateur, Oleh Savytskyi, souligne l’absurdité de la situation alors que les pays européens craignent que l’arrêt total des importations de gaz russe engendre une augmentation significative des factures d’énergie et de chauffage. Pourtant, la demande de gaz n’a pas progressé en France. Au contraire, elle a chuté de 9% par rapport à l’année précédente.
Une stratégie énergétique paradoxale
Malgré la polémique, TotalEnergies, grand acteur énergétique français, continue d’importer du GNL russe. Par un accord signé en 2018, l’entreprise s’est engagée à acheter 4 millions de tonnes de gaz par an. Elle se déclare liée légalement à ce contrat tant que le gaz russe est considéré comme fondamental par les gouvernements européens pour assurer la sécurité d’approvisionnement de l’UE. Toutefois, Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission européenne, a révélé que malgré cette augmentation provisoire des importations de GNL russe, la tendance générale montre une diminution des importations de gaz russe entre 2021 et 2023.
Alors que la France multiplie ses importations de GNL russe, elle réduit celles provenant d’autres pays comme les États-Unis, l’Angola, le Cameroun, l’Égypte, et le Nigeria. Ce paradoxe est un frein à la transition énergétique vers des sources plus durables. Les statistiques de Kpler montrent que les exportations françaises de gaz par gazoduc vers la Belgique ont augmenté de près de 10% au premier semestre 2024. La part de GNL russe dans ces exportations reste cependant indéterminée.
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