Chapeau : Face aux besoins grandissants d’une industrie décarbonée pour atteindre la neutralité carbone, la consommation électrique de l’industrie française est sur le point de doubler. De nombreuses transitions et investissements technologiques sont à prévoir en ce sens. Cependant, certains défis, à la fois financiers et logistiques, restent à être surmontés.
Une forte augmentation de la demande en électricité
Selon une étude de la Fabrique de l’industrie, l’industrie française devrait voir sa consommation électrique doublée, de 103 TWh en 2023 à 207 TWh en 2050, dans le but de jouer sa part dans l’atteinte de la neutralité carbone. La substitution progressive des énergies fossiles comme le gaz ou le fioul par l’électricité, dans plusieurs procédés industriels, est en grande partie responsable de cette augmentation. La production d’hydrogène décarboné et les technologies de capture de CO2 demanderont également une électricité abondante.
Cependant, tous les secteurs industriels ne pourront pas faire ce virage technologique, principalement à cause d’un manque de solutions adaptées. C’est le cas, par exemple, de l’industrie du ciment qui s’oriente vers d’autres alternatives comme la biomasse ou des combustibles issus de déchets. À terme, l’électricité devrait pourtant représenter 62% du mix énergétique industriel en 2050 contre 37% en 2023.
Les défis de cette transition énergétique
Du point de vue financier et logistique, cette transition représente un enjeu majeur. Comme le souligne David Lolo, économiste à la Fabrique de l’industrie, l’électricité nécessaire à cette transition doit rester abordable, compétitive, prévisible et accessible. La majoration de 44% du prix de l’électricité dans les deux années suivant la guerre en Ukraine en 2022 a exacerbé ces préoccupations.
Face à ces défis, de nombreuses propositions sont sur la table, notamment la mise en place de nouveaux contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) par EDF, pour remplacer le système Arenh dès 2025. Cependant ces nouvelles offres tarifaires ne convainquent pas tous les acteurs industriels. Un plan de soutien de 1,55 milliard d’euros est également prévu par le gouvernement pour accompagner cette transition, favorisant notamment le financement d’infrastructures essentielles, comme des usines de batteries ou des systèmes de captage de CO2.