Ce qui est sûr, c’est que face à la hausse des prix et les restrictions budgétaires, les ménages auront rapidement fait le choix pour le moyen de transport le moins cher. Mais qui est loin d’être le plus écologique des deux.
L'incompréhensible écart de prix entre le train et l’avion
Le constat est sans appel : voyager en train coûte souvent deux fois plus cher que de prendre l'avion en Europe. Selon l'étude de Greenpeace, cette différence de prix est qualifiée de « délirante ». Le rapport montre que sur 50 trajets analysés, 52% des billets de train étaient plus chers que les billets d'avion. Dans certains cas, la différence atteignait même 400%. « Avec un billet de train jusqu’à 30 fois plus cher qu’un billet d’avion pour un voyage à la même date, Barcelone-Londres est la liaison pour laquelle la différence de prix est la plus importante de ce rapport », souligne l’ONG.
La Belgique et la France se distinguent malheureusement dans ce classement, figurant parmi les « pires élèves » européens en matière de tarification des billets de train. Si au Royaume-Uni la différence de prix est la plus élevée, le train étant 4 fois plus cher que l’avion pour le même trajet, en Belgique et en France, cette différence atteint 2,6 fois.
Les raisons de cet écart sont multiples : taxes aéroportuaires moins élevées, subventions gouvernementales pour les compagnies aériennes, ou encore une concurrence féroce entre les compagnies low-cost.
L'impact écologique : train vs avion
Si le prix est un facteur déterminant dans le choix du mode de transport, l'impact environnemental devrait l'être tout autant. Le train est largement reconnu comme étant l'un des moyens de transport les plus écologiques. Il émet en moyenne 14 fois moins de CO2 par passager et par kilomètre que l'avion. De plus, les trains modernes fonctionnent de plus en plus à l'électricité renouvelable, réduisant encore davantage leur empreinte carbone.
À l'inverse, l'aviation est responsable de 2 à 3% des émissions mondiales de CO2. Bien que les avions modernes soient plus économes en carburant que leurs prédécesseurs, le nombre croissant de vols annule ces gains. De plus, l'aviation émet d'autres gaz à effet de serre, comme la vapeur d'eau, qui contribuent également au réchauffement climatique.
Pourquoi ce déséquilibre persiste-t-il ?
La question demeure : pourquoi, malgré les avantages écologiques du train, son coût reste-t-il si élevé ? Une partie de la réponse réside dans la structure de financement des infrastructures. Les compagnies aériennes bénéficient souvent de subventions gouvernementales, tandis que les opérateurs ferroviaires doivent couvrir une grande partie des coûts d'infrastructure. De plus, les taxes sur le kérosène, le carburant des avions, sont souvent inexistantes ou très faibles en Europe, ce qui donne un avantage concurrentiel à l'aviation.
Par ailleurs, la concurrence entre les compagnies aériennes low-cost a entraîné une baisse des prix des billets d'avion, rendant le voyage en avion encore plus attractif pour les consommateurs. « Les transporteurs low cost sont présents dans toute l'Europe : ils exploitent 79% des itinéraires analysés avec une ligne directe. Sur encore 12% des liaisons, des vols en correspondance opérés par ces compagnies sont l’option la moins chère, alors qu’elles causent jusqu’à 10 fois plus d’émissions de GES que les vols directs, déjà très polluants », précise l’étude publiée le 20 juillet 2023.
En revanche, le secteur ferroviaire peine à s'adapter à cette nouvelle réalité, avec des coûts d'exploitation élevés et une concurrence limitée.
Article initialement publié sur EconomieMatin :