En deux ans, le nombre d'abonnés au gaz a diminué de 9 %, réduisant le nombre de personnes partageant les coûts d'entretien du réseau de gaz. La France dispose d'un réseau de 200 000 km nécessitant un entretien régulier. De ce fait, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) envisage une hausse de 30 % des tarifs du gaz, et ce, dès juillet 2024, pour couvrir les frais d'entretien du réseau de distribution, évalués à 1,8 milliard d'euros par an. « La consultation vient de s'achever, mais la Commission a proposé une hausse significative du tarif dédié à l'entretien du réseau dès juillet prochain : +30 %, après quatre années de quasi-stabilité. La décision sera officialisée d'ici la fin de l'année », ont ainsi annoncé nos confrères de RMC.
Le prix du gaz naturel en France dépend de plusieurs facteurs, notamment les coûts d'approvisionnement (40 % de la facture), les coûts hors approvisionnement (37 %), et les taxes (23 %). Les fluctuations du marché international du gaz, les tensions géopolitiques, les aléas climatiques, et la crise sanitaire mondiale sont autant d'éléments qui ont contribué à l'envolée des prix depuis 2022. Autrement dit, selon les estimations, la facture de gaz pour les Français augmentera en moyenne de 57 euros par an, soit 6,3 % pour le chauffage et 11,3 % pour l'eau chaude.
Prix du gaz : les augmentations vont-elles perdurer ?
Selon les estimations de la CRE, la situation n'est pas près de s'améliorer. L'organisme prévoit que le nombre d'abonnés français qui se chauffent au gaz pourrait bien se réduire de moitié d'ici 2050, avec une perte de 150 000 clients chaque année. Les projections de l'économiste Anna Créti, auprès de nos confrères de RMC, soulignent la nécessité d'une réflexion collective sur le financement des infrastructures gazières, ainsi que la comparaison des coûts entre le gaz et l'électricité, le gaz restant moins cher malgré les augmentations : « les canalisations de gaz sont publiques et leur moindre utilisation découle de la transition énergétique, qui est un choix politique. Leur coût devrait donc être supporté par l'ensemble de la société. Mais il faut beaucoup de courage pour se l'avouer ».
L'économiste Xavier Pinon se veut, tant que faire se peut, rassurant pour les ménages français qui se chauffent au gaz : « malgré ces augmentations, le prix du kWh de gaz reste bien moins cher que celui de l'électricité, qui a pris 30 % en deux ans ». Pour autant, chaque fournisseur est libre de déterminer le prix du gaz qu'il souhaite. Les Français qui se chauffent au gaz resteront donc dépendants du bon vouloir des fournisseurs, du nombre d'abonnés et de l'entretien du réseau.
Article initialement publié sur EconomieMatin :