Le logement social en France : une crise en pleine progression
La demande de logements sociaux : une montée en flèche
D’après les statistiques de l’Union sociale pour l’habitat (USH), on constate une recrudescence significative de l’appétit pour les logements sociaux en France. Au premier semestre 2024, plus de 2,7 millions de ménages se languissaient dans l’attente d’un domicile social, ce qui représente une envolée de 150000 demandes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Cette augmentation, qui évolue sur l’ensemble du territoire français, met en lumière la montée des difficultés quant à l’accès d’un logement à coût modéré. Comme l’indique Emmanuelle Cosse, la présidente de l’USH, la nécessité d’accéder à un logement modeste se fait ressentir davantage.
C’est dans la région de l’Île-de-France que cette situation est la plus préoccupante. Le nombre de demandes y est le plus élevé avec environ 7000 requêtes pour 100000 habitants. Les familles franciliennes sont ainsi contraintes d’attendre environ une décennie avant d’obtenir un logement social. Ce constat outrancier montre bien le désarroi de cette région comparativement à la moyenne nationale des délais d’attente qui s’élève entre six et sept années et continue de grimper dans plusieurs territoires.
Un manque de construction de logements sociaux
Le principal obstacle qui engendre cette crise est sans conteste le déficit de construction de logements sociaux. En effet, alors que l’engouement ne cessent d’augmenter, les projets de constructions connaissent une baisse drastique. A titre illustratif, en 2024, seulement 82 000 logements sociaux ont été construits contre 120 000 cinq années auparavant. Ce déséquilibre entre la demande et l’offre intensifie la problématique, obligeant de nombreux ménages à patienter des années. Ce manque de construction est un point critique de la crise actuelle.
Comme le précise Eddie Jacquemart, le président de la Confédération nationale du logement (CNL), sur FranceInfo, ce patrimoine est souvent perçu comme stigmatisant, ce qui dissuade certains maires de l’ériger dans leur localité. Par conséquent, on s’oriente plus vers des logements intermédiaires destinés à des familles un peu plus aisées. Dans certaines villes, la pénurie de logements disponibles atteint un niveau alarmant comme à Paris, où il est coutume de voir des centaines de demandes pour un seul appartement, rendant ainsi l’accès à l’habitation d’autant plus difficile pour les ménages modestes.