La marque de thé Mariage Frères s’est rendue coupable d’entrave à la concurrence et devra s’acquitter de 4 millions d’euros d’amende, annonce l’Autorité de la concurrence. En effet, en interdisant à ses distributeurs de vendre ses produits en ligne, Mariage Frères a imposé une limitation significative dans un marché en pleine expansion numérique. Cette pratique, en place depuis près de quinze ans, a non seulement restreint la liberté commerciale des distributeurs mais a également bridé leur développement économique, pointe l’Autorité de la concurrence. Dans un secteur où les ventes en ligne connaissent une forte croissance, une telle interdiction empêche les distributeurs d'exploiter pleinement ce canal de vente dynamique, estime l’institution.
Cette restriction a été particulièrement préjudiciable aux petits distributeurs, pour qui la vente en ligne aurait pu représenter une source de revenus substantielle. Plusieurs d'entre eux ont en effet témoigné auprès de l’Autorité de la concurrence des difficultés rencontrées, certains estimant que l'accès à la vente en ligne aurait pu augmenter leur chiffre d'affaires de 30%. Cette limitation a donc créé un déséquilibre sur le marché, favorisant Mariage Frères au détriment des petits acteurs.
Interdiction de revente à d’autres détaillants
Outre l'interdiction de vente en ligne, Mariage Frères a également empêché ses distributeurs de revendre ses produits à d'autres détaillants. Cette pratique a offert à Mariage Frères un contrôle presque exclusif sur la vente en gros de ses thés, limitant ainsi la portée commerciale des distributeurs uniquement aux particuliers. Cette stratégie a non seulement cloisonné les marchés mais a aussi restreint la concurrence intra-marque, empêchant les consommateurs de bénéficier de prix plus compétitifs, estime l’Autorité de la concurrence.
Mariage Frères justifiait ces restrictions en invoquant la préservation de l'image de prestige de ses produits. Selon la société, le contrôle de la distribution était nécessaire pour maintenir la qualité et la présentation de leurs produits. Toutefois, cette explication n'a pas été jugée suffisante par l'Autorité de la concurrence, qui considère que la protection de l'image de marque ne doit pas conduire à une neutralisation totale du canal de distribution en ligne.
Article initialement publié sur EconomieMatin :