Le taux de rémunération du Livret A, actuellement fixé à 3% depuis le 1er février 2023, pourrait atteindre 4% le 1er août 2023 selon la formule de calcul. Cependant, Éric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts et Consignations (CDC), qui gère l’épargne déposée sur les livrets défiscalisés, plaide pour la stabilité. Il estime qu'une hausse du taux du Livret A déformerait la hiérarchie des rendements entre les divers produits d'épargne.
La Caisse des dépôts, qui gère 60% de la collecte du Livret A et l'utilise notamment pour prêter de l'argent au secteur du logement social, souligne que l'impact d'une hausse du taux de rémunération serait "massif". En effet, une hausse de 1% coûterait 1,7 milliard d'euros au logement social.
De plus, en cas de nouvelle augmentation du taux des deux livrets défiscalisés, le Livret A et le LDDS, leur niveau de rémunération serait encore plus élevé que celui des Assurances-vie et autres produits. Les banques, qui ont déjà du mal à attirer des clients vers ces produits d’épargne, risquent d’être coincées.
Scénarios possibles pour le taux du Livret A
Trois scénarios sont envisagés pour le taux du Livret A à partir du 1er août 2023, date de la prochaine revalorisation. Le premier scénario est l'application stricte de la formule de calcul, qui donnerait un taux de 4,10%. Cependant, ce scénario a peu de chances de se réaliser car le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, peut déroger à la stricte application de la formule s'il estime que des circonstances exceptionnelles le justifient.
Le deuxième scénario serait une hausse divisée par deux, avec une rémunération du Livret A à 3,5%. Le troisième scénario serait le statu quo, avec un taux inchangé pour le Livret A au 1er août. Ce dernier scénario est soutenu par le secteur bancaire et la Caisse des Dépôts.
Le LEP et le LDDS : des taux plus prévisibles
Pour le LEP, il n'y aura aucune surprise. Le taux de rémunération sera de 5,6%, soit la moyenne de l'inflation annuelle des 6 derniers mois. Cela correspond à une baisse de 50 points de base par rapport à une rémunération actuelle de 6,1%. Pour rappel, le LEP (Livret d’Épargne Populaire) n’est accessible qu’aux ménages les plus défavorisés, sous conditions de ressources.
Quant au LDDS, il partage la même formule de calcul que le Livret A. Cependant, la décision finale revient au gouvernement. Selon les mêmes scénarios que pour le Livret A, le taux du LDDS pourrait être fixé à 4,10%, 3,5% ou rester stable à 3%.
Quand aura-t-on la réponse ?
Si rien n’a encore été décidé de la part de la Banque de France et, surtout, du gouvernement qui a le dernier mot, c’est qu’il manque une donnée essentielle. Pour donner son avis, la Banque de France attend toujours les données définitives de l’inflation de juin 2023. Celles-ci seront publiées par l’Insee jeudi 13 juillet 2023.
Une fois dévoilées, ces données permettront de réaliser les calculs concernant les taux des livrets défiscalisés avec exactitude, l’inflation entrant en compte dans la formule. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, fera alors ses recommandations au gouvernement. Et ce dernier tranchera, ayant toutes les libertés. Il peut suivre l’avis de la BdF, l’ignorer et opter pour un statu quo pour les taux, ou trancher la poire en deux.
Théoriquement, il pourrait même décider de baisser le taux de rémunération des Livrets A et LDDS : la loi lui interdit seulement de fixer un taux inférieur à 0,50% par an.
Article initialement publié sur EconomieMatin :