24 novembre 2024

Hydrogène : l’Académie des sciences tacle les objectifs du gouvernement

Chapeau

L’engouement du gouvernement pour l’hydrogène vert est laissé à rude épreuve par les défis techniques et économiques mis en évidence par le professeur Marc Fontecave et l’Académie des Sciences. Selon leurs calculs, la production de cette énergie propre nécessaire exigerait un nombre improbable de réacteurs nucléaires et de parcs éoliens, sans oublier un financement massif.

Les embûches techniques et économiques de l’hydrogène vert

Alors que l’idée de l’hydrogène vert comme une source d’énergie propre et inépuisable séduit nombre de responsables politiques, la réalité technique et économique décrite par l’Académie des sciences est bien moins rose. Selon ses calculs, la production massive d’hydrogène vert nécessiterait la production de 55 TWh d’électricité par chaque million de tonnes. Pour atteindre l’objectif du gouvernement d’une production de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2035, le parc nucléaire devrait donc comprendre une vingtaine de réacteurs supplémentaires. Un défi qui s’apparente à une utopie, selon le professeur Fontecave, compte tenu des [coûts exorbitants du nucléaire](https://www.economiematin.fr/edf-nucleaire-energie-facture-construction-epr) et des défis encore non-résolus de l’électrolyse.

Au-delà du défi technique, un obstacle économique majeur se pose : le coût de l’hydrogène vert. Actuellement, le prix de l’hydrogène produit à partir de méthane – c’est-à-dire gris – oscille entre 1 et 2 euros par kilogramme. A contrario, la production d’hydrogène vert coûte le double voire le quadruple, freinant de facto les investisseurs dans le développement de cette technologie.

Le cri d’alarme de l’Académie des sciences

Face à ces défis titanesques, l’Académie des sciences a tiré la sonnette d’alarme, interpellant le gouvernement à revoir ses objectifs pour l’hydrogène vert. Selon les scientifiques, se contenter d’ajouter des fonds – comme les [9 milliards d’euros](https://www.lesechos.fr/thema/articles/hydrogene-decarbone-des-financements-publics-pour-developper-la-filiere-2028632#:~:text=La%20France%20va%20consacrer%209,plan%20d’investissement%20France%202030.) annoncés dans le cadre du plan France 2030 – ne mènera nulle part si ces fonds sont dispersés à travers de nombreux projets sans avenir.

Selon l’Académie des sciences, il est temps de recentrer les efforts sur la décarbonation de l’hydrogène gris utilisé dans certains secteurs tels que la production d’acier, de ciment, ainsi que des transports lourds. Elle appelle également à soutenir davantage les initiatives d’exploration d’hydrogène naturel et à accroître les capacités de production d’électricité décarbonée.

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