La France renaît de ses cendres, s'élevant au rang de premier producteur mondial de vin en 2023, d'après les données de l'OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin). Ce retour en grâce survient après une période de domination italienne interrompue par une baisse de production de 12% chez notre voisin transalpin. Les terroirs français, malgré le chaos climatique, révèlent une résilience et une stabilité qui redessinent la carte mondiale du vin. Les vignerons, malgré des gels précoces et des sécheresses, ont su préserver leur récolte, offrant une bouffée d'oxygène à un marché international essoufflé.
La détresse des vignes italiennes résonne dans les récits de viticulteurs comme Antonella di Tonno, dont la passion pour la vigne est mise à l'épreuve par une nature capricieuse. Des tempêtes de grêle aux sécheresses sévères, la région des Abruzzes voit ses rendements s'effondrer, impactant les vignerons avec une brutalité sans précédent. Antonella, avec une production réduite de 25%, témoigne à l'AFP d'une adaptabilité face à la crise, se raccrochant aux avancées technologiques qui lui permettent de limiter les pertes. L'Italie, riche de ses nombreux cépages, subit de plein fouet la diversité de ses besoins de maturation, la rendant vulnérable à chaque coup de théâtre météorologique.
Une invasion du mildiou dans le Sud-Ouest
En France, l'unité apparente masque des réalités hétérogènes. Les vignobles de Bordeaux et du Sud-Ouest affrontent l'invasion du mildiou (une maladie capable de détruire des récoltes entières), pendant que le Languedoc-Roussillon se bat contre l'ardeur d'un soleil implacable. À l'opposé, des régions comme le Cognac, la Corse et la Champagne s'attendent à des récoltes abondantes, preuve de la diversité des réponses des terroirs français aux défis environnementaux.
L'horizon viticole mondial est loin d'être uniforme. Alors que l'Australie (-24%), l'Argentine (-23%), le Chili (-20%) et l'Afrique du Sud (-10%) rapportent des diminutions alarmantes de leur production, les États-Unis voient leurs vignobles prospérer, grâce à des conditions météorologiques favorables. Cette hétérogénéité des récoltes signale une éventuelle correction du marché, potentiellement bénéfique dans un contexte de consommation décroissante et de stocks pléthoriques. Joël Boueilh, porte-parole des vignerons coopérateurs français, maintient le cap sur l'excellence et la rentabilité, indifférent aux titres de production, car c'est la qualité et la viabilité économique qui primeront dans les verres de demain.
Article initialement publié sur EconomieMatin :